Après 1715, Antoine Court, dont on connaît les réticences à l’égard du “prophétisme” et de la lutte armée, réorganise, aidé de Pierre Durand, l’Eglise du “Désert”. Les assemblées clandestines continuent : 1724 (une trentaine de personnes de Gluiras et Saint-Christol sont arrêtées), 1739, 1744.
Encore ne connaît-on souvent que celles qui sont surprises et réprimées. Condamnés à un double jeu, les “N.C.” se réfugient dans une piété familiale, comme en témoigne le livre de raison tenu par Jacques Delarbre de 1739 à 1750.
Mais la communauté de Saint-Appolinaire de Gluyras, suffisamment importante pour être administrée par deux consul (comme Privas), connaît aussi les difficultés du royaume. Le poids des impôts (seigneuriaux, ecclésiastiques et royaux) est lourd. Déjà en 1706 le collecteur désigné pour la section de Saint-Martin est emprisonné pour un impayé de 112 livres. En 1779, un habitant de Gluiras est convoqué devant les juges de Chalencon par le marquis de la Tourette pour un retard d’impôts des années 166-1768. En 1786, la communauté doit 3287 livres 19 sous 6 deniers d’impôts royaux, dont 435 livres de dépenses militaires (le prix d’une journée de travail est évalué de 1 à 3 livres …). A cela s’ajoutent intempéries, vent, grêle, en 1732, 1765, 1772.
Seule lueur d’espoir : en 1787, après l’Edit de Tolérance, le juge Barruel de Villeneuve-de-Berg vient régulariser mariages et naissances célébrés au Désert.
Il est temps qu’en 1789 les trois délégués de Gluiras portent les “doléances” de la population à la Sénéchaussée de Villeneuve-de-Berg en vue des Etats Généraux. A cette époque, Gluiras est la sixième communauté du Vivarais (1680 habitants en 1790), devant Privas.
Ces textes sont extraits de l’ouvrage “Pays d’Ardèche : les Boutières” (Edition Mémoire d’Ardèche et Temps Présent – 2003)