La communauté de “Gloyraz” sort de l’anonymat en 1083 dans le cartulaire de Saint Bernard. Mais la terminaison -az ou -as dérivée du suffixe gaulois latinisé -acum semble indiquer un peuplement beaucoup plus ancien.
Selon Albin Mazon, le premier Gluirassou connu serait un Etienne dont le cartulaire de Saint-Chaffre mentionne qu’il a donné en 1034 à cette abbaye un domaine en échange d’un mulet et de 125 sols valentinois.
Ce marché approuvé par l’évêque de Viviers et son neveu Guigues de Montagut montre que se mettent alors en place fiefs religieux et laïcs.
Gluiras conserve vivace le souvenir du Château Saint-Jean, pourtant détruit depuis longtemps. Le système féodal tient à la fois de la mosaïque et de la pyramide : de petits seigneurs implantés localement prêtent hommage à un suzerain plus puissant, en cascade.
L’organigramme est complexe, et évolue constamment : fiefs nobles et maisons fortes changent de main au gré des alliances, le suzerain peut donner une portion de ses possessions en nouveau fief.
Dans une structure qui perdurera jusqu’à la révolution, à côté de familles anciennes (Burine) apparaissent les capitaines-châtelains du Coulet (où subsistent des tours dans la partie encore en ruines), la seigneurie de la Marette (dont un notaire royal, probablement anobli, est encore dit châtelain en 1694). La terre seigneuriale de Gluiras (qui apparaît déjà sous le vocable de saint Apollinaire) est cédée en 1259 à Aymar de Poitiers.
Dans la mouvance des comtes de Valentinois, elle dépendra en son temps de Diane de Poitiers, maîtresse du roi Henri II. Une partie du fief est acquise en 1488 par Antoine de Chambaud, seigneur de la Tourette. Ses successeurs, devenus barons de Chalencon, devront attendre 1657 pour acquérir l’autre partie de la paroisse. Celle-ci est déjà importante au Moyen-âge, puisque les Estimes de 1404 y dénombrent cent sept “feux” (statistique approximative, un “feu” fiscal pouvant correspondre à une veuve vivant seule comme à une famille regroupant parents, enfants et petits-enfants).
Durant tout l’ancien régime, Gluyras constituera un mandement, ressort à la fois judiciaire et fiscal. Des lieux-dits comme ‘La Grange” sont enfin souvent le signe de la présence ancienne d’exploitations agricoles seigneuriales, souvent ecclésiastiques.
Ces textes sont extraits de l’ouvrage “Pays d’Ardèche : les Boutières” (Edition Mémoire d’Ardèche et Temps Présent – 2003)